Après sept mois de consultations le conseiller d'État Jean-Luc Silicani vient de remettre son rapport au gouvernement sur la rénovation de la fonction publique:
Il propose de remplacer les corps administratifs par sept grandes filières professionnelles, communes à tous les ministères (administration générale, finances et fiscalité, social, éducation et recherche, culture, sécurité, filière technique ; militaires et magistrats ne sont pas inclus dans le champ du rapport). Ce qui suppose une harmonisation des statuts et des rémunérations vers le haut. Un investissement qui pourrait tourner « autour de 800 millions à un milliard d'euros.
Le rapporteur, qui formule au total 40 propositions, veut «garder une fonction publique de métier mais rénovée. Il propose notamment de revenir au schéma du grade et de l'emploi: grade pour la sécurité du fonctionnaire, et emploi pour la flexibilité pour l'administration. "Le fonctionnaire est propriétaire de son grade et locataire de son emploi". L'administration reprend ainsi la main sur le management de ses agents et ce de façon opérationnel.
Cette distinction doit aussi se retrouver dans la feuille de paie, qui comprendrait «deux lignes distinctes». La première liée au grade, dépendant quasi automatiquement du diplôme, de la filière, de l'ancienneté et des promotions ; l'autre liée à l'emploi, selon sa pénibilité, son degré de responsabilité et les résultats obtenus par l'agent. Cette deuxième partie, véritable rémunération au mérite, représenterait 25 % du salaire total, alors que jusqu'ici les diverses primes atteignent environ 15 % - et encore dépendent-elles surtout du corps de l'agent.
L'agent serait évalué selon des critères inscrits noir sur blanc dans une «convention d'affectation» cosignée par l'agent à son arrivée sur un poste. «Un agent dont la valeur professionnelle aura été estimée insuffisante de manière répétée», sur la base de ces critères, «pourra faire l'objet d'un licenciement pour ce motif, à l'issue d'une procédure transparente et contradictoire».
Jean-Ludovic Silicani propose également d'ouvrir le recrutement des postes les plus élevés de l'administration (directeurs centraux, préfets, directeurs de grandes collectivités locales ou de grands hôpitaux...) au privé. Il veut délimiter le recours aux contractuels (besoins ponctuels, carrières courtes, compétences rares, recrutement de seniors, de personnes handicapées, sans diplôme ou issues d'autres pays européens). Il préconise alors, dans la majorité des cas, un contrat de droit privé, qu'il juge plus favorable au salarié (recours au CDD beaucoup plus encadrés…) et plus souple pour l'administration (possibilité de faire évoluer l'agent d'un poste à un autre…) que les actuels contrats de droit public. Et il suggère de donner une force obligatoire aux accords administration-syndicats, pour en faire de véritables conventions collectives.