Dans une interview au "Moniteur", le maire de Paris Bertrand Delanoë évoque les grands dossiers d'actualité et sa conception de la ville - Extraits.
Déplacements, aménagement urbain, mixité sociale : Comment, à partir de ces trois enjeux notamment, définiriez-vous la conception de la ville qui inspire votre démarche ?
A l’heure où près de la moitié de l’humanité vit désormais dans les villes, l’enjeu urbain est devenu enjeu de civilisation. Penser la ville, c’est donc aussi tenter d’affirmer une certaine conception de notre vie collective autour de valeurs. Depuis 2001, notre action vise plusieurs objectifs complémentaires : d’abord, favoriser de nouvelles solidarités dans la cité afin, notamment, de stopper l’hémorragie démographique qui avant 2001, a frappé Paris, atteignant essentiellement des familles modestes. Entre 1977 et 1999, je vous le rappelle, notre ville avait perdu 171 000 habitants. Depuis, elle en a reconquis plus de 19 000. Ces chiffres montrent que la mixité sociale est un objectif décisif pour l’identité même de Paris : c’est tout le sens de notre démarche, quand nous finançons plus de 27 000 logements sociaux sur la mandature, ce qui concerne environ 75 000 personnes. De même, notre nouveau Plan local d’urbanisme prévoit que, pour toute opération immobilière privée de plus de 800m² et située dans une zone déficitaire, 25% de la surface sera destinée au logement social. Cette priorité va de pair avec la réorganisation de l’espace public parisien.
Cette redistribution de l’espace public au profit des piétons, des deux-roues et des transports collectifs n’a pas toujours été bien comprise….
Pourtant l’enjeu est multiple : lutter contre les pollutions, proposer une offre plus performante aux 75% de Parisiens qui se déplacent quotidiennement en transports collectifs, leur permettre aussi de se réapproprier leur cité, y compris dans des quartiers jusqu’alors ignorés par les politiques publiques. J’observe que toutes les grandes métropoles sont aujourd’hui confrontées à ce défi culturel et urbain, qui appelle des actes. Aujourd’hui, Paris finance à 30% le budget du nouveau STIF, ce qui permettra, dès ce mois de décembre, une hausse significative de l’offre de transports en commun, qu’il s’agisse des bus ou du métro. Et à la fin du mois, le tramway des Maréchaux entrera en service, transportant 100.000 voyageurs par jour. J’ajoute, autre nouveauté, notre volonté de raisonner enfin à la bonne échelle, celle de l’agglomération, en synergie avec la région Ile de France. C’est pourquoi nous avons mis en place une Conférence métropolitaine, qui s’est déjà réunie à deux reprises : elle est le cadre d’un dialogue inédit entre les collectivités du cœur de notre région, au-delà des clivages politiques. Ensemble, nous pouvons et devons inventer et agir sur tous les dossiers qui exigent de dépasser les limites administratives traditionnelles, transports, gestion des déchets, opérations d’urbanisme, par exemple.
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