Le Centre d'analyse stratégique (CAS), ancien commissariat au plan, propose, dans un rapport qui sera rendu public début février, la création d'un "service public de la petite enfance", avec, à terme, l'obligation de compenser financièrement l'absence de solution de garde.
Commandé par le Premier ministre en août 2006, le rapport du CAS a pour objectif de "mieux organiser et rendre plus égalitaire" le système d'offre de garde des enfants de moins de 3 ans en France.
"Déjà performant", souligne le CAS, puisqu'il accompagne l'une des plus fortes natalités d'Europe, l'accueil des tout-petits (crèches, assistantes maternelles, garde à domicile) peut être amélioré pour devenir un véritable "service public de la petite enfance", avec, à terme, l'offre d'une garantie de solution pour tous.
Le rapport donne en exemple les pays nordiques où la collectivité publique est contrainte, si elle ne peut proposer de solution de garde, de verser une compensation financière aux parents.
Ce droit opposable à l'obtention d'une solution de garde "ne peut s'envisager que s'il y a suffisamment d'offres, dans cinq ou dix ans", précise à l'AFP le Centre d'analyse stratégique.
La création d'un service public de la petite enfance permettra de mieux informer les familles, de corriger les inégalités territoriales de modes de garde, et de rendre équitable l'effort financier des familles.
"La voie privilégiée pour la mise en place de ce service est l'expérimentation avec les collectivités volontaires", précise le Centre d'analyse stratégique, dans un communiqué.
Quant aux choix de la collectivité publique responsable de ce futur service, il devrait rester ouvert."On ne sait pas qui est le meilleur, le département qui gère la PMI (protection maternelle et infantile) ou la commune qui gère les établissements collectifs, en passant par les Caf (caisses d'allocations familiales) qui distribuent la plus grande partie des fonds".
Le pré-rapport, soumis pour concertation aux partenaires sociaux et dévoilé lundi par Les Echos, présentait deux "pistes", les communes et les départements, suscitant l'inquiétude de la Cnaf (caisse nationale des allocations familiales).
Le rapport reste par ailleurs prudent sur le coût d'une telle réforme, le chiffrage des besoins allant de 240.000 places (10% des enfants de moins de 3 ans) à 480.000, selon le rapport.
Alors qu'aujourd'hui la politique de la petite enfance représente 1% du PIB, "il faut raisonner en dixièmes de point en plus, c'est un investissement lourd", prévient Julien Damon.
En 2005, les crèches collectives accueillaient quelque 255.000 enfants en France, et les crèches familiales environ 62.000, selon une étude du ministère de l'Emploi publiée en janvier.