La commission Syrota est chargée de réfléchir " à l'horizon 2030 et 2050, à un ensemble d'orientations opérationnelles et de préconisations de politiques en matière d'offre d'énergie et de maîtrise de la demande ". Il s'agit de lutter contre le réchauffement climatique tout en préservant l'économie, les particularités sociales et la sécurité d'approvisionnement en énergie du pays.
Cette première version que révèle La Tribune évoque d'ores et déjà un arsenal de mesures qui visent à changer les comportements des Français. Elles ciblent principalement deux secteurs, transports et habitat, où les émissions de gaz à effet de serre ont le plus rapidement progressé (plus de 20 % de hausse depuis 1990). La proposition la plus concrète de la commission est le " rétablissement de la vignette automobile ", dont le tarif serait fonction des émissions de CO2 des véhicules. Une bonne illustration de la difficulté de prendre des décisions politiques en matière de fiscalité écologique. Le gouvernement qui rétablira la vignette auto (supprimée en 2001 par Laurent Fabius), même version écolo, sera inévitablement accusé de transformer les automobilistes en " vaches à lait ".
La proposition consistant à " afficher la vitesse moyenne des véhicules entre péages d'entrée et de sortie des autoroutes " semble moins délicate à mettre en oeuvre. Elle permettrait de sanctionner les véhicules qui auraient dépassé la vitesse moyenne réglementaire sur le trajet. Pour la commission Syrota, il conviendrait de limiter la consommation de tous les véhicules, en limitant au niveau européen leur vitesse à 130 km/h sur l'ensemble des autoroutes.
Dans le secteur de l'habitat, la commission préconise " l'extension aux propriétaires bailleurs des avantages fiscaux " favorisant les économies d'énergie dans les immeubles existants. Il s'agit d'inciter les propriétaires d'immeubles collectifs, privés et/ou publics, à réaliser des travaux d'isolation et de modernisation de leurs systèmes de chauffage pour les rendre moins gourmands en énergie. Pour développer les énergies renouvelables, la commission préconise d'augmenter, sans préciser à quel niveau, les aides fiscales en faveur des panneaux solaires (bénéficiant actuellement d'un crédit d'impôt de 50 % du coût d'achat des matériels). Elle émet aussi l'idée d'obliger au " ravalement thermique " des habitations. Il s'agirait d'imposer la réalisation d'un " bilan thermique " à chaque immeuble ou maison tous les dix ans, avec " obligation de réalisation de travaux d'isolation " en cas " de dépassement d'un seuil élevé de déperdition thermique ".
Elle suggère, enfin, de créer une norme agréée "basse consommation" des dispositifs de mise en veille des appareils audiovisuels (radios, chaînes hi-fi, etc.) ou électroniques (ordinateurs, etc.). Selon les spécialistes, la consommation de l'ensemble des appareils en veille représente aujourd'hui, environ la capacité de production d'une centrale nucléaire.
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