Des systèmes de "coupe-circuit" exixtent pour éviter l'effondrement général du réseau. Si dans un premier temps, une "surchauffe" locale se propage comme une tache d'huile, à partir du moment où l'ensemble du système ne peut plus suivre, il est possible de pratiquer des délestages - des coupures locales et maîtrisées, qui peuvent être automatiques. C'est ce qui s'était produit par exemple lors des tempêtes de décembre 1999. Devant la mise hors service de nombreuses lignes électriques importantes, des régions entières avaient été plongées dans le noir, parfois pendant des semaines. Mais le réseau ne s'était pas effondré, la panne était restée jugulée, la production électrique avait été contrôlée et avait pu se poursuivre. A l'opposé, c'est à cause du retard de telles coupures préventives que des régions entières de l'Italie s'étaient retrouvées dans le noir en 2003.
C'est ce qui s'est passé encore samedi soir (le pire a été évité et le courant rapidement rétabli), mais à une échelle inédite et qui montre le côté périlleux de l'exercice... Jusqu'alors, la France, qui exporte un peu moins de 15% de sa production électrique, pouvait croire son réseau national suffisamment solide et n'envisageait pas de pannes à une telle échelle, même si RTE reconnaissait que "le risque zéro n'existe pas". L'une des pires pannes connues par le pays remontait à décembre 1978 : la défaillance d'un câble électrique à très haute tension (400.000 volts) reliant Nancy à Troyes avait provoqué la chute de l'ensemble du réseau reliant Paris à l'est du pays. Mais depuis, le réseau de transport d'électricité avait été étendu. Et chaque année, le transporteur d'électricité RTE investit 600 millions d'euros pour améliorer le réseau.
Cette grande panne illustre le fait que la sécurité électrique en Europe s'est dégradée depuis plusieurs années à mesure que la consommation augmentait et que les investissements de production d'électricité ne suivaient pas. Régulièrement, pendant les périodes de froid intense ou de grosse chaleur, l'approvisionnement en électricité est menacé dans différents pays européens, forçant les fournisseurs à prendre des mesures exceptionnelles. Le chef du gouvernement italien Romano Prodi a d'ailleurs déploré dimanche l'absence d'une "autorité commune européenne" en matière d'électricité.
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